Extension de la Carrière du Hainaut et ses incidences sur l’environnement : l’analyse par l’asbl SNE d’un projet majeur sur notre territoire.

Pour rappel, la demande de permis unique par les CARRIÈRES DU HAINAUT va remodeler en profondeur le site d’exploitation mais également tout l’environnement de celui-ci du coté de la rue de Neufvilles, entre Soignies et Neufvilles : 1°) Construire une nouvelle usine de fabrication des granulats – 2°) Etendre le gisement de la carrière de pierre bleue – 3°) Dans la partie nord du site, construire un bâtiment comprenant des bureaux, un garage et une zone de traitement des blocs, un bassin de décantation – 4°) Edifier des merlons de protection autour du site et au nord de la zone des installations granulats – 5°) Abattre des arbres & planter un écran végétal boisé – 6°) Démolir une ferme et une maison – 7°) Démanteler les anciennes installations granulats – 8°) Déplacer une chapelle – 9°)
Déplacer une mare et reconstruire des mares.

Ces interventions de grande ampleur ne sont pas sans conséquences sur l’environnement et le cadre de vie des habitants. C’est pourquoi l’asbl SNE, en particulier son expert « Carrières », a consacré beaucoup de temps à la lecture du très volumineux dossier déposé dans le cadre de l’enquête publique. Voici le courrier que l’asbl adresse au collège communal à la suite de cette analyse.

Madame la Bourgmestre, Madame et Messieurs les Echevins,

Nous vous prions de bien vouloir prendre en considération nos remarques développées ci-après.

Après lecture et examen du dossier de l’Etude des Incidences sur l’Environnement (EIE), nous attirons votre attention sur deux points particuliers (formulés dans notre lettre du 4 septembre 2020 en réaction à la RIP virtuelle des 26 et 27 août 2020) qui n’ont pas été développés dans la présente EIE.

CHARROI. Rappel :10) Concernant la route de la Pierre bleue (RPB) et le charroi lourd. Dans un premier temps nous demandons qu’un trajet alternatif sécurisé, évitant les quartiers à forte densité d’habitat, soit étudié, afin de permettre une déviation immédiate pendant les travaux de détournement. Par la suite, cette déviation sera d’application dans l’éventualité d’un incident mettant cette voirie (RPB) hors service (accident, obstacle, dégradation, entretien, etc.).

Il convient d’éviter, à nouveaux, d’insupportables nuisances (charroi lourd journalier, incessants, dangereux, bruyants) dans la rue de Neufvilles et au chemin du Tour, où les habitants seront de plus en plus nombreux (secteur du lotissement Matexi) ! De plus, concernant la destruction occasionnée par le charroi lourd sur ces routes de déviation, nous demandons que les frais de réparation ne soient plus uniquement à charge de la collectivité, mais qu’une partie de ses frais incombe aux exploitants (Sigmaroc et Carrières du Hainaut).

Ce point 10 nous semble, de toute évidence, relever d’une incidence environnementale majeure qui nécessite la mise en place de moyens anticipatifs ! Si ce point était éventuellement soustrait des conditions du permis (ce qui serait regrettable), nous suggérons que l’autorité communale définisse ce trajet alternatif indispensable dans le meilleur délai.

COMPETENCE JURIDIQUE. Rappel 12) Nous demandons que soit explicité dans le futur permis de quel droit, belge ou anglais, la société actionnaire Sigmaroc dépend et quelles lois lui seront applicables dans le contexte du Brexit ?

Cette question, actuellement en suspens, nous semble primordiale car nous concevons mal qu’une incertitude juridique puisse invalider certaines clauses du permis.

*      *

Hormis ces deux points spécifiques, l’EIE nous paraît largement développée en général, mais présente toutefois un manque de cohérence dans l’interprétation du processus de traitement des produits granulés.

TRAITEMENT DES GRANULATS. Extrait : …de plus, il est à noter que les nouvelles dépendances « granulats » amélioreront la qualité globale de l’environnement (par rapport à la situation actuelle) notamment point de vue « poussières » grâce au fait que les futures dépendances fonctionnent en voie humide.

C’est flatteur et tout à l’avantage de l’image de l’exploitant, mais c’est faux et trompeur ! En réalité, dans un procédé par voie humide, l’ensemble de la matière traitée baigne dans l’eau dès l’alimentation du concassage secondaire (broyage en cascade sous eau) pour ensuite être écoulée par gravité (via des chenaux) ou par conduite forcée (pompage) et finalement triée par cyclonage et bassin de décantation.

En réalité, les nouvelles dépendances se distingueront des actuelles du fait que tous les produits de différentes granulométries seront traités dans la même unité de production, avec pour particularité qu’une partie de ceux-ci (granulats fins, environ 20%) seront lavés en fin de procédure. Actuellement, ces produits fins sont traités et lavés sur le site du Perlonjour, tandis que toute la production des produits concassés de granulométrie supérieure est traitée à sec sur le site de la carrière du Hainaut.

En conclusion, il n’y aura pas moins d’émission de poussières dans les nouvelles installations projetées de concassage et criblage que dans les existantes car le volume des produits traités à sec sera identique à l’actuel ! Par contre, il y aura moins de diffusion des poussières hors du site d’exploitation puisqu’elles seront retenues en partie par les merlons. Cependant, pour garantir l’optimalisation de la réduction des émissions de poussières, il sera indispensable que tout le matériel de manutention des granulats soit équipé de protections efficaces au droit des déversements. Ce sera surtout le cas, entre autres, pour le stock-pile.

Par conséquent nous demandons, avec insistance, que tous les points développés ci-après soient imposés, en termes clairs, dans les différentes clauses du permis qui sera octroyé.

1.POUSSIERES

–    Tous les équipements mécaniques, traitant l’intégralité des râches depuis le déversement des bennes mobiles (Dumpers) alimentant le concassage primaire jusqu’à la mise en tas ou en silos des différentes granulométries, devront être équipés d’un capotage au droit des déversements (endroit où le produit chute d’une certaine hauteur depuis un appareil sur un autre).

–    Quant au transporteur à bande caoutchoutée alimentant le stock-pile, dont le niveau du point de déversement sera environ 4 à 5 mètres plus haut que le faîte des merlons, il conviendra que le tronçon en amont de la goulotte-déversoir soit entièrement capoté sur au moins 75 mètres, afin d’éviter l’effet de vents latéraux pouvant provoquer l’envol de particules fines par-delà les merlons.

–    De plus, toujours concernant le même transporteur, le capotage en tête devra faire corps avec une goulotte extensible et rétractable (ou un toboggan hélicoïdal) dans le but d’empêcher l’envol des particules fines (le déversement des concassés primaires 0-250 mm pouvant atteindre une hauteur en chute libre de 2 à 10 mètres selon le niveau de remplissage du stock-pile). Pour rappel, le déversoir de la tête de ce transporteur sera environ 4 à 5 mètres plus élevés que la hauteur moyenne du faîte des merlons !

–    Le bardage du nouveau bâtiment abritant les équipements de concassage secondaire (broyeurs à marteaux, cribles à résonance, tamis vibrants, appareils de manutention) devra présenter un minimum d’ouvertures permanentes !

2. BRUITS

–    L’aire de déversement de la charge des bennes mobiles, alimentant le concassage primaire, devra être ceinturée par un sas couvert et insonorisé.

–     Le bâtiment abritant les nouvelles unités de concassage–triage devra être protégé par un bardage garni de mousse alvéolaire et idéalement équipé d’un captage des poussières par aspiration forcée.

–     Toutes les mailles des tamis vibrants et des cribles seront caoutchoutées afin d’éviter le bruit provoqué par le tambourinage continu des pierres sur métal nu.

3. POINTS COMPLEMENTAIRES

–     La production des concassés lavés de fine granulométrie devra se tenir à l’intérieur du périmètre inscrit au Plan de secteur revu par l’AGW du 8 août 2019 (Ne plus traiter ces concassés sur le site du Perlonjour ou dans toutes autres unités de traitement extérieures).

–    Le suivi régulier et permanent du niveau de la nappe aquifère.

–    La réalisation d’un état des lieux préalable pour les habitations exposées de la rue de Neufvilles et du chemin du Clypot.

–    Le placement en permanence d’un sismographe témoin dans une des habitations les plus proches de la rue de Neufvilles et du chemin du Clypot, au plus tard début 2030.

–    Le contrôle permanent et régulier des émissions de particules fines (PM2 et PM10) au-delà de l’enceinte délimitée par les merlons périphériques.

–    L’assurance que l’implantation des nouvelles installations n’entrave pas l’alternative d’expédition d’une part de la production par la voie ferrée proche.

–    Le rappel dans le futur permis que le Comité d’accompagnement actuel, facilitant le dialogue entre l’exploitant et les riverains, soit maintenu.

–    Le maintien de la production actuelle de 2.250.000 tonnes/an de granulats ainsi que la plage horaire d’activités de 6h à 20h.

–    L’arrosage régulier des pistes internes et le nettoyage de la voirie publique aux abords de l’entrée-sortie du site.

–    L’imposition d’une limitation de vitesse à 30 km/h sur un tronçon de 300 mètres de part et d’autre de l’entrée-sortie du site d’exploitation.

Nous espérons que ces demandes citoyennes retiendront votre meilleure attention lors de la rédaction du permis.

Veuillez croire, Madame la Bourgmestre, Madame et Messieurs les Echevins, à l’assurance de notre considération très distinguée.

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