Un ensemble de 15 appartements au n° 45 de la rue Neuve, face aux remparts classés : nous sommes POUR un meilleur projet !

La maison jadis unifamiliale sise au n° 45 de la rue Neuve est appelée à être transformée en 8 logements, avec un impact indéniable sur l’aspect de sa façade, malgré qu’elle soit inscrite à l’Inventaire du Patrimoine. Juste à côté, à l’emplacement du jardin clôturé par une entrée néoclassique, un bâtiment moderne qui se veut « en rupture » avec l’ensemble existant, doit accueillir 7 appartements et un parking semi-enterré de 16 emplacements

La procédure de permis d’urbanisme vient d’être relancée car celle entamée fin 2020 était entachée d’une irrégularité, faute d’affichage règlementaire. Les riverains ont donc dû veiller eux-mêmes à ce que la procédure d’information publique soit respectée. Celle-ci se termine le 18 mars prochain. Vous pouvez y participer ! Car ce projet d’investissement immobilier ne concerne pas que les habitants de la rue mais tous les Sonégiens attachés au caractère de leur ville, et en particulier celui du centre historique.

Voici les points qui méritent une attention particulière :

  • Environnement
  • Patrimoine
  • Densité
  • Mobilité

ENVIRONNEMENT : c’est 750 m² de la surface de la parcelle qui sont imperméabilisés, en plus du bâtiment existant. Là où le projet propose une capacité de citernes de 30.000 litres, le règlement communal d’urbanisme en demande 45.000 minimum pour ce qui est créé. C’est 40 % de cette parcelle, l’une de plus vaste de cette partie de la ville, qui est imperméabilisé.

Pourtant, l’un des souhaits les plus souvent exprimés par les habitants de Soignies – devenu l’un des objectifs du plan de rénovation urbaine – est de revégétaliser un centre devenu beaucoup trop minéral !

La nature des sols est déclarée « sans qualité » dans la note d’évaluation des incidences sur l’environnement. C’est sans compter le fait que ce sol, arboré depuis plus de 130 ans, présente au sein de la ville un milieu drainant, riche de vie. Il est situé dans la zone des anciens fossés de la ville au pied de l’enceinte historique, zone jadis affectée aux jardins de ceux qui ne pouvaient en disposer au cœur de la cité (le nom « rue des jardins » en témoigne encore).

Dans l’avis d’annonce, il est question de l’abattage de 3 arbres non remarquables, mais un simple regard sur les vues aériennes montre que d’autres arbres ont déjà été supprimés entre 2019 et 2020.

Bien que privés, les arbres abattus sur une profondeur de plus de 43 m à partir du front de rue déforcent l’écrin arboré formé par l’ensemble des jardins de ce quartier, lesquels constituent un des rares poumons verts du centre-ville, dont on sait l’importance sur le plan de la santé à la fois physique et psychique des habitants. Il est prévu de replanter des arbres en fond de parcelle : combien ? quelles espèces ? qui contrôlera la bonne exécution ?

Enfin, la rupture créée dans le parcellaire par un parking semi-enterré de cette ampleur serait un précédent pour ce genre d’îlot du centre-ville, jusqu’alors relativement préservé.

PATRIMOINE : le nouveau bâtiment projeté est en rupture avec le contexte bâti de la rue Neuve. Sur ce tronçon, l’ensemble des immeubles du 19e siècle est repris à l’Inventaire du patrimoine. Il est aussi considéré, dans l’Atlas des centres anciens protégés, comme un espace non bâti de haute qualité (Place du Jeu de Balle, haut de la rue Neuve, début de la rue F. Eloy et de la rue Ferrer) ainsi qu’en valeur architecturale signifiante vu son caractère homogène et ses qualités constructives.

Celui-ci est situé face aux remparts classés de la « cité médiévale » devant lesquels passe la Procession historique du Lundi de Pentecôte. C’est un endroit-clé sur le plan paysager. Cette voie d’accès au cœur  historique est remarquablement préservée grâce à des règlements communaux qui n’auraient jamais permis de proposer un tel projet jusqu’au début des années 2000.

Parmi les points contestables :  des fenêtres au rythme horizontal au lieu de vertical, l’imposante porte de garage, la couleur de la brique, la lucarne continue sur 10 m dans la toiture ainsi que les hauteurs de niveaux qui ne s’alignent pas sur les bâtiments voisins. Les demandeurs prétendent aligner la hauteur de corniche sur le bâtiment voisin de gauche… qui est en retrait de 17 mètres ! Sa corniche entraîne donc une rupture de gabarit démesurée.

Toujours sur le plan patrimonial, l’immeuble existant au n° 45, une architecture particulièrement soignée et équilibrée, est considérablement dévalorisé par le projet, y compris en façade, la porte cochère – une des plus belles de la rue – va être transformée en fenêtre et une grande lucarne sous toiture plate va être créée (voir dessin).

DENSITE : 2 logements sont projetés à chaque niveau du bâtiment existant. Sur l’ensemble des deux immeubles, les logements varient entre 48 et 63 m² et sont donc de superficie restreinte. Ils entraînent une concentration de minimum 30 personnes sur un mouchoir de poche (cf. la norme de 60-70 habitants/ha). La volonté est d’optimiser au maximum l’espace disponible. Cette préoccupation de rentabilité est renforcée par la nécessité, pour le promoteur, de s’acquitter vis-à-vis de la Ville, de « charges d’urbanisme ».

Dans le cas d’espèce, la Ville envisage de faire prendre en charge par le promoteur l’aménagement de trottoirs et d’un passage pour piétons à l’angle des rues de Steenkerque et Chanoine Scarmure. Ce n’est évidemment pas l’utilité de ces travaux qui est remise en question, mais quel est le rapport avec un bâtiment inadapté et un parking souterrain irréversibles et dans une autre rue ? Nous reviendrons par ailleurs sur le questionnement que suscite la nature de certaines charges d’urbanisme par rapport aux  intentions du législateur.

MOBILITE : un parking semi-enterré de 16 emplacements est projeté à l’emplacement du jardin. Les recommandations sont habituellement de 1,5 emplacements par logement (sauf si l’on considère qu’on se trouve bien en centre ancien protégé, où les prescriptions architecturales devraient être plus strictes) ; le projet devrait donc présenter 23 emplacements, dans ce quartier où la place du Jeu de Balle est déjà sursollicitée. Pourquoi pas de simples emplacements sous structure bois : réversibles et écologiques ! Aucune mention d’un emplacement pour les vélos, alors que c’est prévu dans le GCU pour les immeubles à appartements.

On accède au parking par une large porte de garage située dans la nouvelle construction. Avec une largeur de 4m40, elle doit permettre le croisement de 2 véhicules sur ce trottoir qui est l’un des plus utilisés de la ville, notamment par des jeunes, aux heures de pointe.

En conclusion, il est hautement souhaitable, dans l’intérêt collectif, que :  

  • le bâtiment projeté soit mieux intégré à son contexte bâti ; en l’état, il met à mal l’unité architecturale de la rue et a un impact négatif sur les remparts classés ;
  • les caractères du bâtiment existant, inscrit à l’Inventaire du Patrimoine, soient respectés (maintien de la porte-cochère, pas de grande lucarne sous toiture plate) ;
  • le nombre de logements soit diminué dans le cadre d’une approche plus qualitative, avec réduction des charges d’urbanisme en application du principe de proportionnalité ;
  • la solution du parking semi-enterré minéralisant et s’étendant largement sur la parcelle soit revue ;

Votre avis compte !

Rédigez votre courrier personnel ou inspirez-vous de la lettre-type mise à votre disposition (ci-dessous – enregistrer sous) ou sne.soignies@gmail.com

Envoyez-le par mail urbanisme@soignies.be, par voie postale, éventuellement par dépôt à l’administration communale.

AVANT LE JEUDI 18 MARS 2021

Nous contacter ? sne.soignies@gmail.com

Consulter la demande de permis ? https://www.soignies.be/fr/avis-d-annonce-de-projet-transformation-d-un-immeuble-en-8-logements.html?cmp_id=42&news_id=3050&vID=230

LA LETTRE-TYPE

Cet article a 7 commentaires

  1. Je suis pour le projet !!!!!!

    1. C’est votre droit. Mais c’est fort peu argumenté…

  2. Il s’agit d’un très beau projet qui répond à la demande.

    Le rédacteur de la note qui est un rétrograde, n’a pas eu le courage d’indiquer son nom.

    Voici le mien
    christian@godart.eu

    1. C’est votre droit d’estimer qu’il s’agit d’un « très beau projet ». C’est l’avis, par exemple, des promoteurs immobiliers, pas forcément celui des Sonégiens attachés au caractère patrimonial de leur ville. Sachez que nous ne sommes pas opposés à la création raisonnable de logements ni à l’architecture contemporaine, pour autant qu’elle soit de qualité et bien intégrée à son contexte bâti.

  3. Bonjour,

    Grand merci pour l’information, au regard de ce projet de transformation hallucinant qui détruirait s’il devait se réaliser un immeuble repris à l’inventaire du patrimoine de un et transformerait un poumon vert de la ville en parking.
    Certes je ne peux nier le droit au logement et demande à la ville et surtout au promoteur de réduire le nombre de logements initialement prévus à 6 appartements traversants style lofts tout en gardant la façade chargée d’histoire ..et éviterait ainsi de détruire ce jardin magnifique pour en faire du parking…

    1. Nous sommes bien sur la même longueur d’ondes. Nous non plus ne sommes pas opposés à la création de logements. Le promoteur, pour rentabiliser son investissement, a peut-être été amené à augmenter le nombre de logements, dès lors que la ville lui impose, au titre de charges d’urbanisme, le coût de réfection de trottoirs dans une autre rue (cela figure dans la demande de permis affichée).

  4. Très bonne synthèse de l’ensemble des problèmes que pose ce projet.
    Il n’est évidemment pas question de remettre en cause le droit au logement et il est normal d’exploiter au mieux les espaces disponibles pour répondre aux besoins.
    Mais cela ne peut se faire à n’importe quel prix écologique, ni au détriment de l’harmonie architecturale de la ville dont la valeur historique était jusque là parfaitement protégée.
    Il n’est pas acceptable non plus de sacrifier la qualité des nouveaux logements (dimensions minimale, faibles qualités énergétiques, inaccessibilité aux personnes à mobilité réduite, etc…) au profit du seul nombre et de la rentabilité.

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