Soignies-Carrières. Place Wauters. Et si on écoutait les habitants ?
L’enquête publique pour le réaménagement de la place Joseph Wauters a commencé ce lundi 12 octobre, et se terminera le mardi 27 octobre 2020 à 11h, conformément aux 2 semaines prévues pour laisser aux usagers du lieu le temps d’avoir vent du projet, de se pencher sur le dossier, de l’analyser, de préparer et d’envoyer leur réponse. 2 semaines, c’est court…
Le projet vise à transformer le vaste espace actuel (ainsi que la rue Emile Vandervelde) pour y recréer un nouvel espace public de qualité, tout en améliorant les conditions de circulation pour les mobilités actives (vélos et piétons). Ceci intervient dans le cadre du Plan d’Investissement Communal (PIC) soutenu financièrement par la Région wallonne. C’est également l’un des projets brandi en figure de proue de la participation citoyenne à Soignies. Et pourtant, le résultat est loin d’être à la hauteur des attentes qu’on aurait pu lui porter…
Le processus de concertation a tout simplement été interrompu par la crise sanitaire en mars dernier, mais le projet devait être acté pour la fin de l’année 2020 afin d’obtenir les subsides nécessaires à sa réalisation. Le plan sorti du chapeau intègre donc bien des éléments suggérés par les riverains (présence de la végétation renforcée et diminution de l’importance accordée à la voiture), mais sans être en phase avec les attentes de la population.
La place passe notamment d’environ 80 emplacements de stationnement à 26 (alors que les discussions allaient dans le sens d’une diminution de moitié). Et ce point inquiète les riverains au premier chef, vu que cette zone du quartier arrive déjà régulièrement à saturation, notamment lors des matchs (clubs foot et rugby voisins, en pleine ascension), de cérémonies, ou quand les besoins des deux écoles voisines se cumulent à ceux des riverains. Les dispositifs prévus pour réguler l’accès et le stationnement posent également de nombreuses questions.
La Ville a été interpellée par les riverains fin septembre afin d’engager une rencontre sur le terrain entre les premiers concernés, la Bourgmestre et la DO2 « aménagement du territoire et cadre de vie » (auteurs du projets) de l’administration communale. Hélas, la Boucle du Hainaut passait par là, et l’expression des riverains a été renvoyée à l’enquête publique, en les assurant que leur point de vue serait pris en compte.
Des retours des riverains et intéressés, de commissions diverses ou de la Fabrique d’Eglise, rien n’a entraîné de modification pour le projet actuellement soumis à l’enquête publique. La raison : le projet a été validé par le Collège communal au milieu du printemps 2020, ne laissant plus de marge de manœuvre en termes de modifications… Ceci bien avant l’ensemble des présentations qu’il y eut ensuite (notamment celle dans le Bulletin communal du mois de juin).
Ce projet ne se limite pas seulement à l’espace public. Il intervient également sur une parcelle appartenant à la Fabrique d’Église de Soignies-Carrières : le parvis de l’église de l’Immaculée Conception est également amené à être transformé. L’intention est de l’ouvrir sur l’espace public et de permettre l’accessibilité PMR à l’édifice par une rampe en pente douce. Sauf que la Ville s’est appuyée pour l’ensemble du projet à un unique accord de principe des autorités propriétaires du patrimoine de la paroisse, sans présenter de plan concret. Aujourd’hui, seule l’enquête publique leur permet de réagir.
Les auteurs de projet n’ont absolument pas considéré la portée symbolique d’un tel monument, fût-il simplement repris à l’Inventaire du patrimoine wallon : le monument aux morts des deux guerres mondiales avait été oublié de la conception. Quant à la valeur de l’entrée solennelle pour les enterrements ou l’entrée des reliques lors du lundi de Pentecôte : « on ne dessine pas un espace public pour un événement qui n’a lieu qu’une fois par an ».
Édifice néo-gothique emblématique du quartier, construit en 1905, le porche s’y retrouve dans l’axe du chœur, de la nef, et de la place sur laquelle il s’ouvre par le parvis. L’escalier d’honneur dessiné dans cet axe a vocation de marquer l’entrée, ou la sortie, solennelle lors d’un mariage, d’un enterrement ou d’une procession. Par la transformation de celui-ci, l’accès se fait désormais par un chemin détourné ; cercueils et reliques n’auront qu’à manœuvrer nous dit-on.
Une simple adaptation de l’escalier devrait pourtant permettre de maintenir toutes les qualités du nouvel aménagement, en préservant la symbolique du lieu, qui est encore bien ancrée pour les paroissiens et pèlerins qui le font vivre chaque semaine. Cette adaptation, ce serait la suppression des deux bancs monolithiques en pierre qui entravent l’axe. Ce lieu n’est ni une entrée de commerce, ni une entrée d’administration… Il se doit d’être tant pratique que symbolique, et pour ceci, il faut faire l’effort de le comprendre, d’écouter ceux qui l’utilisent.
Puisse la Ville se montrer sincèrement à l’écoute des réponses qui lui seront données, et adapter un projet qui – malgré toutes ses bonnes intentions – se doit d’être construit dans le respect des remarques de la population.
Lien vers le dossier complet de l’enquête publique : dossier