Enquête publique du 13 juin au 28 juin 2019 sur la demande d’HOLCIM Belgique SA visant l’extension des activités de concassage sur le site de l’ancienne carrière du Perlonjour
Les arguments de l’asbl SNE dans un courrier à la Ville de Soignies
Madame la Bourgmestre, Madame et Messieurs les Echevins,
L’asbl Sauvegardons Notre Environnement vous prie de prendre en considération les remarques formulées ci-dessous.
Etant donné que ce dossier, soumis à l’enquête publique, s’inscrit dans une révision du permis initial octroyé le 17/03/1998 (reconduit le 17/05/2010) en ce qui concerne les installations (nouveau concasseur primaire) et la limite de production autorisée (250.000 T/an), nous sommes d’avis que la demande formulée par HOLCIM nécessite une étude préalable des incidences sur l’environnement et non pas un simple permis d’environnement. Pour preuve, il y aura bien l’installation d’un nouveau concasseur primaire et une augmentation significative de la production !
Vu qu’actuellement les bruits émis par l’exploitation sont perçus de manière dérangeante par les résidents situés au Nord du site d’exploitation, nous sommes d’avis que l’augmentation du débit de la production (+330.000 T/an) sera de nature à compromettre la maîtrise des incidences sur l’environnement, à la fois sur le site du Perlonjour et au-delà du périmètre d’exploitation inscrit au Plan de secteur. Les nuisances les plus préoccupantes concernent le charroi externe (bien que celui-ci ne ressort pas de la présente demande de permis d’environnement) dont l’incidence environnementale dépassera les limites acceptables en ce qui concerne le bruit, les poussières, les vibrations, la sécurité et la santé des riverains exposés.
En effet, la piste privée reliant le site exploité à la chaussée du Roeulx est située derrière les habitations de la rue Saint-Vincent, traverse le Ravel, longe l’arrière des habitations de la rue du Glatimont, traverse la rue Saint-Roch et la rue de Flandre, ce qui représente environ 150 familles qui seront concernées. Globalement ce seront 135 camions (en considérant une capacité moyenne de 30 T par unité) qui circuleront chaque jour sur cette piste privée. Ce charroi va se cumuler avec celui de la chaussée du Roeulx où actuellement circulent, en moyenne, environ 40 camions par jour. Bonjour les nuisances ! Bruits, poussières, vibrations, émissions de CO2, insécurité routière en seront les principaux inconvénients !!!
Il est évident que la problématique de ces nuisances provient du fait que toutes les râches extraites aux Carrières du Hainaut ne soient plus traitées sur place, comme c’était le cas avant 2008.
Pour en comprendre les raisons, il est nécessaire de revoir l’historique de l’exploitant à partir de 2008 : Lors de la RIP du 4 septembre 2008, en vue d’une demande de permis unique pour l’obtention d’un accroissement de la production, Gralex a présenté son projet d’extension de l’unité de concassage existante en vue de traiter et de commercialiser des produits de fine granulométrie.
Cependant, quand l’EIE, concernant cette demande d’augmentation de la production, a été soumise à la consultation du public en 2010, l’extension de l’unité de concassage n’était plus d’actualité et était remplacée par une solution de substitution consistant à traiter les produits fins, à raison de 500.000 T/an, sur le site du Perlonjour.
Ce revirement peut être une des conséquences de la dissolution de Gralex en deux groupes (Sagrex HeidelbergCement et Holcim LafargeHolcim) suite à la crise financière de 2008.
Nous estimons qu’il n’est pas logique qu’en 2010, l’autorité compétente (Ville de Soignies) ait accordé le permis, bien que limité à 250.000 T/an, de traiter des produits issus des Carrières du Hainaut sur le site du Perlonjour. Ceci engendre depuis lors 62 trajets de poids lourds par jour ouvrable avec toutes les conséquences qui peuvent en résulter sur l’environnement.
De plus, ce permis a eu des répercussions quant à la transformation de râches sur le site du Tellier des Prés, à savoir que dans le permis d’exploitation du Tellier des Prés (19/07/2006), il était convenu que les installations existantes sur le site du Perlonjour seraient déplacées vers le Tellier des Prés pour y traiter les râches. Le permis accordé à Holcim a donc contraint Sagrex à traiter ses râches sur le site de la carrière de Mont-sur-Marchienne. Une telle situation permet d’imaginer aisément l’importance de l’ensemble des nuisances environnementales occasionnées, ayant pour unique cause l’usage de la voie publique comme interface dans un procédé de fabrication. En arrière-plan de cette situation aberrante apparaît la conséquence de pratiques purement spéculatives.
En vue d’éviter désormais des situations aussi peu cohérentes que l’exemple cité ci-dessus, nous insistons auprès des autorités compétentes pour qu’elles soient attentives à ce que chaque exploitant carrier gère le développement de l’intégralité de ses produits sur son propre site. Pour rappel, 1 KWh émet 0,29 kg de CO2, alors qu’un litre de diesel en émet 2,67 kg !!! (chiffres valables pour la Belgique, source « energuide.be »). La prudence est de mise dès lors qu’outre les émissions de CO2, il convient de prendre en compte les particules fines toxiques, de Nox, d’hydrocarbures imbrûlés, de soufre !
A ce jour, il n’est pas aisé de revenir à la situation antérieure et la logique voudrait que seule la Carrière Gauthier-Wincqz, disposant d’un accès privé, alimente le site du Perlonjour (330.000 T/an). La piste et la voirie publique ne seraient alors empruntées que par le charroi client propre à cette production limitée (environ 30 à 40 passages par jour).
D’autre part, la modification de Plan de secteur demandée par les Carrières du Hainaut permettra à Holcim de démanteler ses installations existantes et d’en construire de nouvelles (d’ici 2024). Ceci devrait permettre d’y inclure une extension pour le traitement des produits de faible granulométrie comme ce fut projeté début 2008.
Au vu de toutes les raisons développées ci-dessus, nous insistons vivement pour que la demande formulée par Holcim s’inscrive dans une procédure nécessitant une étude des incidences sur l’environnement, incluant la possibilité de ramener la production des 250.000 t/an sur le site des carrières du Hainaut.
Quelle que soit la décision prise pour l’octroi du permis dans le cadre de la présente demande, et vu l’état déplorable de la piste privée empruntée par les camions, nous demandons qu’une limitation de vitesse à 30 km/h y soit appliquée en permanence.
Parmi les autres points critiques qui nous interpellent, nous relevons que :
– à la page 19 de la demande d’Holcim, il est indiqué que tous les équipements générant des poussières sont lavés, alors que les unités de broyage de la roche et leurs bandes transporteuses intermédiaires fonctionnent à sec ; le lavage des produits ne commence qu’à partir de la séparation des différentes catégories de produits finis, c’est-à-dire lors du criblage.
Si les pistes intérieures sont humidifiées (ce que nous ne pouvons vérifier), nous constatons régulièrement qu’il n’en est rien en ce qui concerne la piste privée entre le point de départ du site exploité et la rue Saint-Roch. Les riverains des rues Saint-Vincent, rue du Glatimont et rue de Flandre peuvent en témoigner.
– à la page 24 de la demande, Holcim répond négativement à la question des nuisances occasionnées sur l’homme, la faune, la flore, etc. Cette réponse n’est valable que pour le site d’exploitation. Par contre, il en va tout autrement en dehors de celui-ci, notamment aux abords de la piste privée où bruits, poussières, vibrations auront une incidence négative sur la quiétude et la santé des riverains et où le charroi pourra par ailleurs présenter un danger pour la sécurité publique.
– à la page 26 de l’annexe VII, rien de positif non plus concernant les principales solutions de substitution. Or, comme développé ci-avant, la possibilité pour Holcim de reprendre l’exploitation de ses produits fins sur le site des carrières du Hainaut est envisageable.
Si, malgré tout ce qui précède, vous décidiez de ne pas proposer une étude d’incidences sur l’environnement, nous vous remercions de répondre point par point dans le permis aux remarques formulées ci-avant.
Vous remerciant de votre attention à la présente, nous vous prions d’agréer, Madame la Bourgmestre, Madame et Messieurs les Échevins, nos meilleures salutations.
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